En quête d’un paradis perdu… Un peu partout en Europe poussent des cabanes design envisagées comme des refuges construits sur mesure.
©Delfino Sisto Legnani
Cabane Bivacco Matteo Corradini
La popularité des cabanes, parfois réalisées avec une grande attention aux détails et à la qualité, ne fait aucun doute désormais. Les structures de villégiature de très faibles dimensions renferment en effet une belle promesse: échapper au quotidien. Tantôt posées au bord d’un lac, tantôt en haut d’une montagne, dans un mini « campement » de vacances ou seules au monde, elles investissent des lieux reculés où il fait bon se ressourcer.
Parmi les cabanes les plus célèbres, celle de l’essayiste américain Henry David Thoreau au bord de l’étang de Walden et depuis laquelle il écrivit son essai sur la vie dans le bois en 1854. On peut aussi mentionner celle de Le Corbusier construite dans les années cinquante au bord de la méditerranée et que l’architecte évoquait en ces termes : «J’ai un château sur la Côte d’Azur qui fait 3,66 par 3,66 mètres. C’est pour ma femme, c’est extravagant de confort, de gentillesse».
Aujourd’hui, en réponse aux bouleversements tant globaux que locaux de l’espace habité par les humains, les architectes sont nombreux à repenser la notion d’habitat à travers la typologie de la cabane. Les questions de l’emprise au sol des constructions, de leur durabilité et réversibilité trouvent une forme d’accomplissement avec ces petites maisons minimalistes. Exemples.
1. Un hameau où l’on n’est pas qu’un numéro
Nom: Landscape Hotel, 48° Nord
Lieu: Breitenbach (France)
Architectes: Emil Leroy-Jönsson et Reiulf Ramstad
©Florent Michel
Cabanes Landscape Hotel, 48° Nord.©Florent Michel
Cabane d’architecte Landscape Hotel, 48° Nord.
Bienvenue dans le village rêvé! Imaginé par le Franco-Danois Emil Leroy-Jönsson, avec la complicité de l’architecte norvégien Reiulf Ramstad, le « landscape hôtel » 48°Nord se compose de quatorze «hyttes ». Des éco-huttes nichées sur les hauteurs du village de Breitenbach, dans un vallon préservé des Vosges. Construites en bois et pierres locales, à même le sol ou sur trois étages, elles forment un mini village de tiny houses et de micro habitats aux fenêtres cyclopéennes et au confort réduit à l’essentiel. C’est une parenthèse enchantée et hors du temps, où le paysage sert de papier peint et le silence de bande-son. Une ode au lâcher-prise avec jacuzzi partagé, table d’hôtes commune, produits ultra locaux et lacto-fermentés. L’Alsace – et les Vosges dans ce cas précis – sera la destination la plus cool-cosy branchée de la France de demain. Plus d’infos: hotel48nord.com
2. La chambre noire
Nom: refuge Bivacco Matteo Corradini
Lieu: sommet du Dormillouse (Italie)
Architectes: Andrea Cassi et Michele Versaci
©Delfino Sisto Legnani
Cabane d’architecte Bivacco Matteo Corradini ©Delfino Sisto Legnani
Cabane d’architecte Bivacco Matteo Corradini
Situé à 2908 mètres d’altitude, quasiment à cheval entre l’Italie et la France, le Bivacco Matteo Corradini est un refuge de la dernière chance, érigé en mémoire d’un alpiniste disparu. Il a été conçu par les architectes Andrea Cassi et Michele Versaci qui se sont inspirés de l’émetteur de rayonnement de Plank: il prend donc la forme d’une boîte noire qui transforme l’énergie absorbée en chaleur. Construit en pin d’arolle et capable d’accueillir six personnes, il est réduit à sa plus simple expression intérieure. Une table centrale et des gradins de chaque côté qui font office de bancs et de couchages avec, cerise sur le bivacco, une fenêtre à chaque extrémité: l’une cadrant le val de Thuras et l’autre le massif des Écrins. Vaisseau posé en équilibre sur les flancs du Dormillouse voisin, il est léger et réversible, minimisant ainsi son empreinte au sol et maximisant sa responsabilité environnementale. Plus d’infos: andreacassi.com
3. L’hôtel du bout du monde
Nom: l’hôtel Artic Bath
Lieu: Harads (Suède)
Architectes: Bertil Harström, Johan Kauppi, Annkathrin Lundqvist
©Daniel Holmgren
Cabane d’architecte hôtel Artic Bath.©Daniel Holmgren
Cabane d’architecte hôtel Artic Bath.
Ça pourrait correspondre à une fin du monde fantasmée : une terre désertée, toute proche du Cercle polaire où la nature est belle mais hostile, les apparitions du soleil parcimonieuses et où est planté une sorte de campement de l’extrême. Tout confort quand même, façon cocon de néo-colons qui auraient soigné tous les détails de leur retraite. Ce «campement» c’est l’hôtel Artic Bath, qui aligne une poignée de cabanes terrestres et autant de cabins posées à même le fleuve Lule. Dans ce lieu d’exception où le bouleau se rit de toute forme de télétravail, l’îlot central – un amas de rondins – emprunte autant aux castors qu’aux survivalistes mais se révèle être un spa, avec saunas et bains chauds. Il y a des fins du monde plus douces que d’autres. Plus d’infos: arcticbath.se
4. La vie en autonomie
Nom: Majamaja
Lieu: Vuorilahdenniemi (Finlande)
Architecte: Pekka Littow
©Chikako Harada
Cabane d’architecte Majamaja.©Chikako Harada
Intérieur de la cabane Majamaja avec canapé et table rabattable.
Nous n’avons pas besoin de plus que le nécessaire et la nature est à même de nous fournir l’essentiel. Ceci étant dit, on tombe en pâmoison devant le cluster Majamaja imaginé par l’architecte finlandais Pekka Littow : un hameau de cinq maisons autonomes située à Vuorilahdenniemi, à 30 minutes à vélo d’Helsinki. L’énergie est solaire et éolienne, l’eau est stockée et purifiée avant réutilisation, l’intérieur est conçu avec un mobilier modulaire et pliable. Maison au bord de l’eau qui veut laisser une empreinte au sol frôlant le zéro impact, c’est une éco-retraite dont la terrasse est le luxe suprême et la sensation de pouvoir se retirer du monde un plaisir sans cesse renouvelé. La Finlande ayant été nommée en 2021 pays où les gens seraient les plus heureux au monde par le World Happiness Report de l’ONU, il semble difficile de penser qu’on a besoin de plus pour (sur)vivre. Plus d’infos: majamaja.com
5. La pause dans les nuages
Nom: refuge la Hut
Lieu: Maloja (Saint Morritz, Suisse)
Conception: team On running
©Anne Lutz & Thomas Stöck
Cabane On running©Anne Lutz & Thomas Stöck
Cabane On running
Et si on s’arrêtait de courir? Partout, tout le temps, comme des poulets sans tête? Pour répondre à cette question – et se reposer les petons – la marque de running ON a imaginé cette cabane de haute montagne dans les Grisons. Un objet de communication, certes, mais aussi le reflet d’une philosophie de vie. Cabane éphémère, symbolique de nos envies de simplicité, sa conception est le fruit d’une réflexion poussée. Alimentée en énergie par le soleil, en eau par le lac voisin, en chauffage et cuisson par un poêle à bois, elle est construite selon une méthode Plug & Play : elle se démonte et se déplace sans laisser aucune trace de son passage. On a beau être chaussé de super baskets, on peut choisir l’empreinte qu’on a envie de laisser derrière soi. Plus d’infos: on-running.com
Source: espacescontemporains