Le lien avec la nature est essentiel à notre bien-être : une vision de la vie dont s’inspirent grandement les pros
Le terme « biophilie » vient du grec : bio, la vie, et philia, l’amour. Un « amour de la vie » formulé par l’Américain Edward Osborne Wilson dans les années 1980. Ce biologiste réputé a présenté le contact avec la nature comme essentiel à notre bien-être. Désormais tendance phare en architecture, le design « biophilique » a pour vocation de le rétablir et de créer des environnements de vie et de travail plus sains.
Pourquoi cette philosophie regagne-t-elle en popularité ?
« Dans un monde extrêmement urbanisé, de nombreuses voix s’élèvent en faveur des espaces positifs, à savoir des environnements intégrant à la fois l’humain et la nature et dans lesquels il est possible de travailler, de vivre, de profiter de la vie, d’échanger avec l’autre », explique Odile Béranger, designer conceptuelle pour Interface Espagne et Portugal. Ce fabricant de revêtements de sol modulaires est lui-même engagé dans une démarche écoresponsable et biophilique.
Le gratte-ciel Bosco Verticale (« forêt verticale »), à Milan, est un projet résidentiel innovant conçu par le cabinet d’architecture Stefano Boeri Architetti. La végétation fait partie intégrante de l’édifice, finalisé en 2014.
Quels sont les piliers du design « biophilique » ?
Selon une étude intitulée « 14 modèles de design biophilique », menée par le cabinet de consultants en environnement Terrapin Bright Green, ils sont au nombre de trois : la nature dans l’espace (lien visuel, présence de l’eau, renouvellement d’air, lumière dynamique…) ; les analogies naturelles (formes, matériaux, complexité et ordre…) et enfin la nature de l’espace (perspective, refuge, mystère et risque).
Quels avantages présente le design « biophilique » ?
Odile Béranger évoque le Human Spaces Report (rapport sur les espaces humains) International, qui traite de la biophilie et des espaces de travail. Dirigée (en 2015) par le professeur Cary Cooper et Interface, « l’enquête a été menée auprès de 7600 employés de bureau dans 16 pays. Elle a montré qu’une conception biophilique des bureaux augmente le bien-être de chacun, mais aussi la productivité et la créativité », dévoile Odile Béranger.
En 2018, Oliver Heath, expert réputé du design « biophilique » et conseiller auprès d’Interface, s’est exprimé dans le quotidien espagnol El País : « Par essence, les intérieurs biophiliques aident à réduire le stress et à se recharger en énergie. La démarche s’attache fondamentalement à notre qualité de vie. Il est évident que rien ne peut sortir de vraiment positif d’un environnement de travail exigu, mal éclairé et coupé de l’extérieur. »
En quoi un espace bien pensé et tourné vers la nature participe-t-il à notre bien-être général ? D’après l’architecte Claudia Bonollo de chez Monamour Natural Design, « notre humeur et nos élans communicatifs sont influencés par une combinaison de facteurs physiques, mentaux et sensoriels. Un environnement sollicitant tous les sens nous rend plus heureux et réceptifs ».
Quelles applications pour le design « biophilique » ?
- Au travail.
Jusqu’ici, c’est dans les bureaux que la philosophie biophilique s’illustre le plus. Le but recherché ? Une meilleure productivité et plus de confort pour les salariés. Des grands acteurs comme Amazon en appliquent déjà les principes : le siège américain du géant de la distribution, à Seattle, est composé de trois sphères transparentes où poussent plus de 40 000 plantes du monde entier. En Espagne, des entreprises telles que BBVA, Telefónica et Sanitas suivent à leur tour le mouvement en intégrant des éléments de design biophilique. - Dans la maison. Il invite à créer des intérieurs plus sains, pour un vrai bénéfice au quotidien.
Comment concevoir un intérieur biophilique ?
- Choisissez des matériaux naturels et issus d’une production locale, typique de la région — le bois, la laine, le cuir ou la pierre — pour une connexion plus directe et une harmonie avec l’environnement naturel.
- Prévoyez des ouvertures sur de la verdure ou des éléments naturels. « Les fenêtres sont les premières interfaces entre la maison et la nature », commente Odile Béranger.
- Sélectionnez des couleurs inspirées par le règne végétal : celles du coucher du soleil par exemple, avec ses déclinaisons orange, ou celles de la forêt en automne, riche en verts et marron.
°Préférez des meubles et accessoires aux formes et motifs plus organiques : table basse ovale, fauteuil arrondi, baignoire au moulage plus naturel… Oubliez autant que possible les lignes et angles droits omniprésents dans nos maisons et uniquement prévus pour une optimisation de l’espace.
° Imaginez un espace extérieur où s’effacent les frontières dedans/dehors. Par exemple, avoir un balcon ou une petite terrasse avec des plantes autochtones qui poussent (meurent, vivent, hibernent) au rythme des saisons retisse le fil biologique qui nous relie à lui.Disposez également quelques plantes à l’intérieur : « Elles favorisent le confort acoustique car elles aident à l’absorption du bruit dans les pièces », explique Claudia Bonollo.
Sol : collection Human Connections par Interface
° Intégrez des références à la nature. « Vous pouvez diffuser des sons d’eau, de la musique ou des parfums naturels — comme celui des fleurs ou de l’humus — ainsi que des éléments stimulants et dynamiques comme une petite cascade », poursuit Odile Béranger.
° Il est en outre possible de proposer des références indirectes à la nature, à travers un sol en textile évoquant le mouvement des vagues ou le tapis forestier recouvert de feuilles.
- Un éclairage plus vrai que nature.
Si votre intérieur ne bénéficie pas de la lumière du jour, exploitez la lumière artificielle avec ingéniosité pour composer un environnement lumineux, velouté ou tamisé, comme c’est le cas en pleine nature. - Enfin, laissez circuler l’air : ouvrez une fenêtre et faites entrer l’air extérieur ; ouvrez les rideaux et faites entrer la lumière !
Source: Houzz